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« Vous n’aimez pas nos champions olympiques ! » L’accusation a été lancée par le ministre du budget et des comptes publics, Laurent Saint-Martin, en direction des députés présents mercredi 23 octobre dans l’hémicycle pour l’examen du projet de loi de finances pour 2025. Ces derniers venaient de rejeter un amendement proposant d’exonérer d’impôt, « de manière complète et permanente », les primes versées par l’Etat aux athlètes français médaillés aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Une exemption à laquelle M. Saint-Martin s’était dit « favorable ».
« Même si un système d’étalement [du paiement de l’impôt sur quatre ans] existe, ces primes n’en restent pas moins soumises à l’impôt », avait plaidé le député (Droite républicaine) Nicolas Ray en défendant l’amendement, insistant sur le fait qu’elles « constituent des revenus exceptionnels, qui récompensent des années d’effort et d’entraînement intensif » pour des athlètes « qui n’ont pas forcément des revenus importants ».
Pour les JOP de Paris 2024, le gouvernement avait décidé de porter les montants des primes de 65 000 à 80 000 euros pour une médaille d’or, de 25 000 à 40 000 pour une médaille d’argent et de 15 000 à 20 000 euros pour une médaille de bronze. En outre, une prime est aussi versée aux fédérations sportives pour chaque médaille obtenue. Soit, au total, une enveloppe de 19,1 millions d’euros.
Au début du mois d’août, après que le double champion olympique de judo David Douillet avait parlé de « scandale » à propos de l’imposition de ces primes, Bruno Le Maire, qui était alors ministre démissionnaire de l’économie, s’était dit favorable à une telle défiscalisation.
Mercredi, le rapporteur général du budget, Charles de Courson (membre du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), ne s’y est pas formellement opposé. « La commission [des finances ] a émis un avis défavorable. Je me montrerai plus ouvert en me remettant à la sagesse de l’Assemblée », a-t-il déclaré, tout en ayant souligné que cette exonération totale d’impôt « coûterait probablement quelque 4 à 5 millions d’euros ».
« Je préfère que l’on fasse en sorte que les athlètes qui préparent les JO – y compris ceux qui ne seront pas sélectionnés après y avoir consacré quatre ans de leur vie – aient des revenus un peu plus importants, plutôt que de défiscaliser celui qui a réussi à remporter une médaille », a fait valoir, quant à lui, le président (La France insoumise) de la commission des finances, Eric Coquerel, en réaction aux propos de M. Saint-Martin sur le désamour des députés pour les athlètes français.
En vue des JOP de Paris 2024, l’Etat, à travers l’Agence nationale du sport, avait garanti un revenu annuel d’environ de 40 000 euros (soit environ 2 600 euros par mois) à 678 athlètes et parathlètes médaillables, faisant partie de la « cellule performance ».
« Si l’on veut aider l’olympisme, je préfère qu’on ne baisse pas de 18 % le budget du ministère des sports », a ajouté M. Coquerel. Dans le projet de loi de finances pour 2025, les crédits prévus pour le sport de haut niveau sont en baisse de 8,8 %, s’établissant à 313 millions, contre 343 millions en 2024 (et 304 millions en 2023).
Philippe Le Coeur
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